’album s’appelle Ñwari Ba
Malfey (« D’la bouffe pas des
bombes »), du nom des collectifs
Food not bombs engagés dans la
redistribution gratuite et autonome
de nourriture, et s’ouvre avec des
pépiements d’oiseaux et le rythme du
mil pilé dans le mortier. C’est sur le
son de ce geste multiséculaire que le
batteur calera ses baguettes pour un
premier blues électrique qui crie
famine.
Après Entr’aide, enregistré lui aussi à
Niamey (Niger) en 2006, le groupe
Combo Quilombo vient de sortir sa
seconde galette. Le credo reste le
même : la promotion militante d’un
blues radical et d’une musique gratuite.
To be or Hadopi : Combo
Quilombo fait la nique au débat, met
sa zique à dispo sur son site web et
balance ses morceaux comme autant
d’uppercuts à la face hypocrite de ce
concubinage foireux entre création
artistique et course au pognon. Et de
brandir le ticket perdant-perdant de
ce Niger qui remporte haut la main la
palme de ce macabre tiercé Famine-
Palu-Françafrique. Si la musique se
balade entre blues rock et blues du
delta (du Mississipi cette fois), les
musicos ont su pimenter leur soupe
d’épices nigériennes (calebasse, texte
en djerma dans Sokoneyan da douré,
filiation au blues d’Ali Farka Touré
dans Une main a besoin de l’autre
pour se laver). On notera aussi cet
habile clin d’œil adressé à Libertalia
(Frère de la Côte), cette communauté
égalitaire pirate de la fin du XVIIe
siècle fondée sur les côtes malgaches.
Au final une bigarrure de bien belle
carrure.
Alors quoi ? Irmakoye ! On y va !
Article publié dans CQFD n°75, février 2010.